Cet article est écrit par Christophe Davy, dirigeant de Brand Online Commerce, qui est « l’invité permanent » de François sur ce blog.
Cette semaine, à Paris, c’est le Salon e-commerce, la grand messe de l’internet marchand, avec pas moins de 30.000 visiteurs attendus. Une fois n’est pas coutûme, j’y suis allé pour écouter et humer l’air du temps et les tendances.
Pour l’anecdote, ce qui m’a le plus marqué, c’est le gang des « Men in Black » de Emailvision. Vous ne pouviez pas les louper, placés comme ils étaient juste à l’entrée. Une dizaine de jeunes commerciaux comment dire, très entreprenants… Je ne sais pas ce que leurs voisins de stand en ont pensé, mais moi je faisais soigneusement gaffe à contourner leur champ d’action. Un de mes jeunes collaborateurs a eu toutes les peines du monde à s’en débarrasser. On aime, ou on n’aime pas ce type d’approche commerciale…
Plus sérieusement, ce passage au Salon e-commerce, et ce que j’en ai retenu, m’amène à rappeler que, dans le e-commerce comme ailleurs, tout se paie ! Pas de bras, pas de chocolat.
N’hésitons pas, notamment, à repasser une couche bien épaisse sur ces croyances d’un autre âge (disons période 2000-2005) : lancer – avec succès j’entends – un site marchand en 2011 est une entreprise coûteuse. Et même si Envoyé Spécial sur France 2, Capital sur M6, le gourou digital recruté à prix d’or (et qui n’aime pas le e-commerce parce qu’il aime Flash) ou votre neveu vous laissent à penser le contraire…
Mon entreprise Brand Online Commerce étant implantée en France et aux USA depuis 3 ans maintenant, je suis un observateur quotidien, et pour l’occasion atterré (je pèse mes mots), du gouffre existant aujourd’hui entre ce que comprend un patron français lambda de ce qu’est le e-commerce et ce qu’en fait depuis déjà pas mal d’années un patron américain.
Pour prendre le marché du e-commerce délégué, que je connais très bien, j’ai vu passer ces derniers mois plusieurs appels d’offres européens dans lesquels il était expressément requis que la mise en place du business (5 à 6 mois de boulot, parfois plus) devait être gratuite ! Magique ! Le prestataire qui régale gratis, et qui est censé se « refaire » sur le pourcentage qu’il prendra sur les ventes futures. Enfin, s’il n’a pas déposé le bilan d’ici là…
Dans le même temps, aux USA, les frais de démarrage des business en délégation se comptent minimum en centaines de milliers de dollars ! Et qu’on ne me dise pas que ce n’est qu’une question de taille de marché. C’est vrai que l’Europe impose des contraintes au e-commerce (plusieurs langues, plusieurs devises, gestion de la TVA par pays,…) qui peuvent laisser à penser que le gâteau est très morcelé. Mais il ne faut pas oublier que le e-commerce européen est désormais plus important en valeur que le e-commerce américain, et ce depuis déjà l’année 2009 !
Encore donc beaucoup de chemin devant nous, avant que la perception basique sur le e-commerce (« facile et pas cher ») ne s’estompe réellement, et laisse définitivement place à un marché plus mature.