Au début, avant Internet, il y avait des ordinateurs qui fonctionnaient en mode client serveur.
Le serveur gérait principalement les données, et l’applicatif tournait sur le client.
Après, il y a eu Internet.
Comme les premieres versions du HTML étaient très pauvres, l’application c’est naturellement déportée vers le serveur. C’est ce qu’on appelle le serveur d’appication.
Dans ce modèle, le serveur fournit à peu près tout : il livre au client une page complète, que le client n’a qu’à afficher. L’intelligence côté client est très légère.
Cela ressemble à ce qu’on fait sur les gros système (CICS par exemple : vous savez, ces écrans textes avec les caractères en vert qu’on voit si on regarde les écrans des vendeurs dans pas mal de boites…).
Mais le web s’est enrichi, avec le Javascript, et la possibilité de développer des applications bien plus intelligentes, bien plus sophistiquées, et surtout bien plus agréables à utiliser.
Cela veut dire que, dans ce modèle, l’intelligence est répartie entre le serveur et le client. Plus la couche Javascript est évoluée, et plus l’intelligence est déportée vers le client.
Avec les évolutions actuelles du web, on peut légitimement penser que c’est bien le sens de l’évolution pour les prochaines années : revenir en fait à un modèle ou l’intelligence applicative est principalement sur le poste client.
Côté serveur, on gère principalement la couche des données.
Sur un modèle en trois couches MVC (modèles / vue / contrôleur), les deux autres couches, vue et contrôleur sont donc déployée sur les postes clients.
Prenons un exemple : un site e-commerce au hasard 😉
Ce que doit gérer le serveur, c’est bien l’ensemble des données du système :
- Le catalogue, avec l’ensemble des produits, et toutes les informations associées à ce catalogue : description, prix, stock, …
- La base des clients
- La base des commandes
Certaines de ces données peuvent, pour des raisons de performance, être gardées sur le poste client. Exemple : la hiérarchie des produits. Mais les données qui « bougent » doivent absolument être stockées côté serveur. Exemple : le stock produit.
Tout le reste pourrait très bien être géré côté client.
Avantages de ce modèle :
L’application peut être bien plus évoluée que ce qu’on fait en web classique. On peut avoir une bonne idée de ce modèle, avec, par exemple, la navigation dans un catalogue en Ajax : quand on applique un filtre, la page n’est pas raffraichie, seuls les produits changent. C’est un peu la préhistoire du modèle que je présente.
Autre avantage : la consommation, en bande passante, est bien plus optimisée. Une fois l’applicatif chargé sur le poste client, on n’échange que les données nécessaires. Pas besoin de renvoyer l’ensemble de la template du site à chaque page.
Les technologies sont assez développées pour permettre de mettre en oeuvre ce modèle dès aujourd’hui.
En fait, ça ne serait pas une bonne idée ;).
Pourquoi ?
Parce que ce modèle n’est pas très « SEO friendly ». Comment google peut il indexer un truc pareil ?
La réponse est connue, c’est la même que pour le Flash : il faut faire deux versions du site. Une « dynamique » et une sans javascript. C’est accepté par Google, car la version sans Javasript est bien accessible à ceux qui le souhaitent, et c’est en particulier le cas pour les mal et non voyants.
L’autre problème, c’est que, même si les technologies permettent « théoriquement » de mettre en oeuvre ce modèle, les outils, les frameworks ne proposent pas encore les bons outils pour faire ça sans avoir à tout réinventer.
Donc, c’est un peu tôt pour se lancer à fond là dedans, mais cela donne, je pense, une bonne idée de « là ou l’on va ».
(article issu d’une discussion passionnante avec Pieroxy)