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Les « Facebook credits », une monnaie virtuelle imposée sur Facebook

Cet article est écrit par Diane MULLENEX, Associée du Cabinet d’Avocats Ichay & Mullenex, responsable du Département Technologies Média Télécommunications, invitée par François à réagir sur l’actualité juridique du e-commerce sur ce blog.

La monnaie virtuelle de Facebook, « les Facebook credits » est devenue obligatoire depuis le 1er juillet dernier sur le réseau social. Grâce à ces « credits », les internautes peuvent acheter des biens virtuels sur des jeux proposés par des éditeurs de jeu sur Facebook ou même des films en VOD. Et les développeurs d’applications sont désormais tenus de proposer la monnaie Facebook comme moyen de paiement à leurs utilisateurs. Mais ce système n’est pas exclusif, la monnaie du jeu virtuel Farmville dite « Farmcash » étant également proposée.

 C’est un marché qui promet à Facebook de grosses rentrées d’argent puisque 30 % de chaque transaction faite avec des « Facebook credits » sont reversés au réseau social.

 Jusque là, les monnaies virtuelles étaient surtout utilisées par des éditeurs de jeux virtuels du type de Second life ou World of Warcraft. Dans Second Life, la monnaie virtuelle, le Linden dollar, est convertible en monnaie réelle, ce qui n’est pas le cas des « Facebook credits », du moins pour l’instant.

Jusque là, ces échanges de monnaie virtuelle ne semblaient pas vraiment avoir alarmé les autorités nationales qui n’ont donc pas ressenti le besoin de les réglementer avec une législation spécifique applicable aux monnaies virtuelles. Il y a donc peu voire pas de règlementation en la matière et pour cause, ces monnaies virtuelles ne concernaient pas une grande partie des internautes et ne représentaient pas des sommes faramineuses. Reste tout de même qu’un joueur est devenu millionnaire en monnaie réelle en faisant de la spéculation virtuelle sur Second Life en achetant et revendant des biens immobiliers virtuels sur le jeu.

Mais avec plus de 700 millions d’utilisateurs, l’ensemble de ces petites transactions réalisées sur Facebook représente rapidement des sommes colossales. Zynga, société de jeux virtuels sur réseaux sociaux éditrice notamment de Farmville, aurait réalisé un chiffre d’affaire de plus de 600 millions d’euros en 2010. Partant de ce constat, le besoin de légiférer sur les monnaies virtuelles sera sans doute nettement plus pressant. Les « Facebook credits » ont certainement de beaux jours devant eux, mais il va devenir indispensable de réglementer tout ça.

Facebook a d’ailleurs déjà modifié les conditions d’utilisations de sa monnaie virtuelle pour les éditeurs de jeux après le dépôt d’une plainte par l’association de défense des consommateurs, Consumer Watchdog. Il lui était reproché de violer la loi anti-monopole en empêchant ces éditeurs de vendre des biens virtuels à des prix plus attractifs sur d’autres plateformes que Facebook. Ce sera désormais possible à condition que les utilisateurs n’aient pas de session active en cours sur Facebook. La situation ne semble pas satisfaire pour autant l’association de consommateurs pour laquelle Facebook entrave la concurrence en matière de social gaming par bien des moyens.

Diane Mullenex – Avocat à la Cour– Solicitor England & Wales- Ichay & Mullenex Avocats – www.ichay-mullenex.fr.